En train de me préparer pour ma tournée à Paris avec le show RAÚL, LE GAI BRÉSILIEN, hier je suis parti voir le spectacle de GAD ELMALEH.
Une des questions que j’entends régulièrement est ” comment faites-vous pour écrire des blagues “.
Premièrement, souvent le public imagine que le comédien est juste arrivé sur scène et comme par magie, il commence à être drôle.
Si vous saviez…
Quand quelque chose d’hinabituel nous arrive, les comédiens stand up ont une espèce d’antenne qui s’allume. Souvent, plus l’expérience nous touche, plus rapidement on a envie de l’enregistrer quelque part.
Parfois l’expérience n’est pas complète ni riche en détails et c’est exactement là que rentre tout le talent d’un rédacteur.
Il y a des artistes qui paient des rédacteurs pour leur écrire des textes drôles mais le plus commun, surtout si tu n’es pas encore connu, c’est que tu vas te débrouiller.
La première question à se poser est : de quoi je veux parler ?
On a tous des choses énervantes qui nous entourent ou qui viennent de nous.
Avant de vous donner une excellente technique pour écrire des blagues, j’aimerais vous parler de comment trouver votre personnage.
Pour moi, plus difficile que d'écrire quelque chose de drôle c'est de rendre quelque chose amusant.
Parfois la blague peut être sur une respiration ou un regard. La seule façon de rendre ce type de moment incroyable est se regarder soi même et reproduire ce que nous faisons naturellement.
Ce ” naturellement “ doit contenir une touche d’exagération. L’humoriste fait une légère augmentation sur les petits détails ou les amplifie pour pouvoir développer son point de vue.
Il doit (surtout) faire pareil avec lui même. Ceci est le grand secret pour s’exprimer devant un public. Plus j’accepte ce que je suis, mes qualités, défauts, défaites… Plus je serai vrai sur scène.
C’est facile d’être drôle entre amis car on a une espèce de protection. Ce n’est pas grave d’être inintéressant car personne n’a payé pour t’entendre.
J’écoute régulièrement les personnes dire qu’ils sont très drôles dans la vie et qu’ils pourraient facilement faire ça sur scène.
Je me rappelle un jour être entre potes en train de regarder une soirée stand-up.
A la fin du show, le présentateur (MC = Maître de cérémonie) invite ceux qui ont envie de s’exprimer et d’aller sur scène.
Un de mes amis les plus drôles et qui passait sa vie à dire que c’était très facile de faire rire les gens s’est levé et a décidé d’aller vers le micro.
Soutenu par nous et le public du bar il a démarré…
Ce fut un des moments les plus gênants de toute ma vie. Si c’était gênant pour moi, imagine pour lui ?
Depuis ce jour son discours a entièrement changé. Il a compris avec la pire chose qui puisse arriver à un humoriste : le bide complet.
Ne vous inquiétez pas si vous n’avez pas encore votre personnage. Il viendra avec le temps et la pratique. Un regard professionnel peut vous donner un sens de direction si vous vous sentez perdu(e).
Et finalement, une excellente technique pour écrire des blagues.
Une des techniques la plus utilisée c’est celle de ” quantité et élimination “.
Je vous explique : quand vous commencez à écrire, il ne faut surtout pas vous juger. Laissez venir ce qu’il y a au plus profond de vous sans vouloir être drôle tout de suite. Vous allez vous surprendre quand votre première blague sera écrite.
Pour l’exemple, je vais choisir un sujet qui parle directement à tout le monde : LE TRAFIC.
Peu importe votre niveau social, vous allez avoir besoin de vous déplacer. Que vous soyez conducteur ou piéton, il y a des choses à dire.
Pour la continuité de cette exercice, je peux choisir de dire
JE DÉTESTE LE TRAFIC PARCE QUE…
Et j’énumère une dizaine de phrases sans forcément me soucier pour l’instant :
JE DÉTESTE LE TRAFIC PARCE QUE…
1) Parce-que quoi que je fasse, j’arriverai toujours en retard.
2) Parce qu’il y a des limitations. Je suis assez limité par ma femme à la maison, par mon patron au boulot et même quand je marche dans la rue. Bientôt ils me limiteront même de vivre…
3) il y a des motos.
4) il y a des vélos.
5) il y a des bus.
6) il y a des gens.
7) lorsque je suis dedans je perds mon temps.
8) les gens sont cons !
9) je déteste sortir de chez moi.
10) Parce-que je déteste ma vie.
Notez que la 3, 4, 5 et 6 peuvent se mélanger et se transformer :
“JE DÉTESTE LE TRAFIC PARCE QUE il y a des motos, des vélos, des bus… Des gens quoi. “
La 2 peut être une entrée pour développer un autre sujet : le mariage.
On pourrait même écrire :
” JE DÉTESTE LE TRAFIC PARCE QUE quoi que je fasse, j’arriverai toujours en retard. Je déteste sortir de chez moi et en plus, les gens sont cons.
Quoi que je fasse, j’arriverai toujours en retard : il y a des motos, des vélos, des bus… Des gens quoi !
En plus il y a des limitations : vitesse, priorité. J’en ai assez des limitations chez moi ! Ma femme me limite même les biscuits et pourtant c’est moi qui les achète !
(Blague final) : En fait, en regardant bien je ne déteste pas le trafic… Je déteste ma vie !
Maintenant, pour que votre texte soit validé, il faudra le tester. La seule et unique manière c’est de le présenter à quelq’un. Dans mon cas, j’ai essayé avec ma chérie.
La première fois que j’ai passé mon nouveau contenu, elle a rit. A ce moment, j’identifie les points forts du texte et je les accentue avec des pauses et intensions.
La deuxième fois, le rire était encore plus fort et pourtant elle venait d’entendre le bout de sketch.
Dans mon cas personnellement, j’aime écrire et parler de choses qui me touchent pour de vrai. Si j’aime instantanément quand je suis à l’écriture, j’ai a une forte possibilité d’aimer au final.
En revanche, pour que mes blagues soient vraiment validées, il faudra les tester avec un vrai public. Dans un vrai cadre et c’est là qu’on sépare les gamins des lions.